Je me souviens, et mon collègue d'alors Jordi Ferrari aussi j'imagine, de ce jour où en partant tranquillement au travail, comme tout le monde, empruntant cette même route parcourue dans un sens et l'autre, entre Gao et Kidal, villes du nord Mali, quelque-chose ne s'était pas passé comme prévu.
Quel ne fût pas notre étonnement de voir jaillir sur la route devant nous une petite gerbe de sable. Pourquoi ce soulèvement soudain de petits grains qui lévitaient au dessus du sol ? Un coup d'oeil à droite de la route nous donna l'explication : un homme enturbanné tenait dans ses mains la Kalashnikov qui avait provoqué cette projection sableuse dont le but était bien d'attirer notre intention et de stopper le véhicule, objet de sa convoitise. Il s'agissait d'un rutilant 4x4 Toyota, l'officiel du désert que les hommes bleus aiment tant pour sa robuste mécanique et moins pour sa consommation sur terrain sableux. Nous étions à un endroit de la route où des massifs rocheux contraignent l'automobiliste à ralentir pour un contournement. Il était donc plus facile à notre pirate de nous empêcher de fuir en mettant les gaz, ce qui n'aurait de toute façon pas été une bonne idée car notre bandit et ses acolytes avaient aussi des 4x4, essence, légers et plus rapides, qu'ils étaient armés et nous non.
Quel ne fût pas notre étonnement de voir jaillir sur la route devant nous une petite gerbe de sable. Pourquoi ce soulèvement soudain de petits grains qui lévitaient au dessus du sol ? Un coup d'oeil à droite de la route nous donna l'explication : un homme enturbanné tenait dans ses mains la Kalashnikov qui avait provoqué cette projection sableuse dont le but était bien d'attirer notre intention et de stopper le véhicule, objet de sa convoitise. Il s'agissait d'un rutilant 4x4 Toyota, l'officiel du désert que les hommes bleus aiment tant pour sa robuste mécanique et moins pour sa consommation sur terrain sableux. Nous étions à un endroit de la route où des massifs rocheux contraignent l'automobiliste à ralentir pour un contournement. Il était donc plus facile à notre pirate de nous empêcher de fuir en mettant les gaz, ce qui n'aurait de toute façon pas été une bonne idée car notre bandit et ses acolytes avaient aussi des 4x4, essence, légers et plus rapides, qu'ils étaient armés et nous non.
Voici donc le véhicule qui nous a été dérobé. Je me souviens avoir dit dans l'habitacle : "Et meeeeerde...". Pas très élégant mais de circonstance. Quand l'homme à la Kalash vous fait signe de descendre du véhicule, vous acquiescez. J'étais en tongues et ai regretté quelques minutes plus tard d'avoir laissé mon chapeau sur le siège car on a du marcher sous le soleil (on parle pas de la côte d'Azur mais du désert sahélien...) pour rejoindre ses complices avec une arme pointée dans le dos. Je me suis dit : "il nous emmène derrière des rochers, va nous trouer le buffet et ma vie s'arrêtera un peu prématurément. Et comme il avait pas l'air très futé, il risque de trébucher et de nous tirer dessus par erreur". Bizarrement j'avais peur, évidemment, mais il y'a chez moi cette capacité à paniquer au tout dernier moment et donc j'attendais la suite de l'histoire en marchant dans le sable chaud avec ma tête qui commençait doucement à prendre de belles couleurs. On est arrivé près d'un camion de marchandises que les bandits avaient aussi arrêté pour dépouiller ses passagers et nous avons fait la connaissance de leur chef, barbu à lunettes noires, avec dans mes souvenirs assez peu d'humour. Ils ont fait venir notre 4x4, on regardé nos valises, sacs et malles remplies de précieuses courses faites à Bamako, qu'ils ont laissés dans le coffre. Ils m'ont demandé de connecter mon Macbook à Internet...comme si on avait toujours dans sa poche un système pour se connecter n'importe où...et ont gardé téléphones, appareils photo et le tél satellite de la voiture (donc oui, avec de la bonne volonté on aurait pu se connecter au net mais chuuut...). Ils ont eu la courtoisie de nous laisser nos valises et un bidon d'eau. Sans doute que notre mode vestimentaire leur convenait peu et qu'ils voulaient prendre la fuite avec un véhicule pas trop lesté. Par contre, je m'apprêtais à fêter mon anniversaire et avais donc fait des courses dignes de ce nom, qu'ils ont gardé pour la route ! Par chance nous avions dans un bagage un second téléphone satellite calé entre deux serviettes pour le trajet. Il nous a permis d'appeler la base à Kidal, qui a envoyé une voiture nous chercher.
J'ai appris plus tard de la bouche du collègue touareg qui partageait la route avec nous que ces bandits avaient l'intention de nous kidnapper pour nous revendre à AQMI (Al Qaïda au Maghreb Islamique), une marchandise comme une autre pour ces contrebandiers ! C'est ce collègue qui nous a défendu en expliquant qu'on travaillait pour les populations et la valorisation de leur culture, pour la jeunesse, pour l'emploi, la santé... Et ils nous ont laissé sous l'arbre avec notre bidon d'eau avant de partir avec leur véhicules, dont celui qu'ils nous avaient volé. Assez chaud, après coup (...de soleil...) quand on pense qu'on aurait pu faire la une du JT.
Une journée de travail presque ordinaire...
J'ai appris plus tard de la bouche du collègue touareg qui partageait la route avec nous que ces bandits avaient l'intention de nous kidnapper pour nous revendre à AQMI (Al Qaïda au Maghreb Islamique), une marchandise comme une autre pour ces contrebandiers ! C'est ce collègue qui nous a défendu en expliquant qu'on travaillait pour les populations et la valorisation de leur culture, pour la jeunesse, pour l'emploi, la santé... Et ils nous ont laissé sous l'arbre avec notre bidon d'eau avant de partir avec leur véhicules, dont celui qu'ils nous avaient volé. Assez chaud, après coup (...de soleil...) quand on pense qu'on aurait pu faire la une du JT.
Une journée de travail presque ordinaire...